Eglise des dominicains

Église des Dominicains, patrimoine historique

Couvent des Dominicains ou frères prêcheurs, quai Marx Dormoy

Protection actuelle : 

Arrêté de classement du 27 juin 1922 : l’ancienne église des frère prêcheurs

Localisation :

Ce couvent est situé au bord du Rhône, au nord de l’ancien quartier de la Juiverie, dans le quartier du Méjan.

Historique

L’installation des Dominicains à Arles

L’ordre des Dominicains s’établit à Arles en 1231 et fut bien accueilli par les Arlésiens grâce à la renommée de saint Dominique qui avait combattu l’hérésie albigeoise. Ils reçurent une vigne dans le quartier de Porte Agnel pour y construire leur église, un monastère et un cimetière. Mais les religieux préférèrent se loger près de la porte de la Cavalerie où ils édifièrent leur couvent qu’ils occupèrent jusqu’en 1362, les Espagnols ayant détruit leur monastère en 1361. Ils déménagèrent alors à l’intérieur des remparts, dans la paroisse de Saint-Pierre de Pésulo dans des maisons qu’ils achetèrent ou qui leur furent données. Ils lancèrent alors les travaux de construction de leurs nouveaux bâtiments et en particulier d’une église.

La construction d’une grande église gothique et d’un couvent

Cette église s’avérant assez rapidement trop petite, ils l’agrandirent considérablement au milieu du XVe siècle, entre 1448 et 1499 grâce aux nombreux dons des Arlésiens. Sous le vocable de Notre-Dame-du-confort, elle était la plus grande église d’Arles.

Les chapelles latérales qui bordent la nef sont parfaitement datées : Au nord : chapelle Sainte-Catherine (1464), chapelle du Rosaire (1465), chapelle Saint-Vincent et chapelle Saint-Sébastien (1466) et, de la même époque, la chapelle Sainte-Marthe.

Au sud : chapelle Saint-Dominique (1469), chapelle Notre-Dame de Bethléem qui supportait le clocher, chapelle adjacente sud de la confrérie des Pénitents Bleus.

Côté est de l’entrée sud, deux chapelles dont l’une ruinée avait été construite vers 1490 par la confrérie des maçons.

En 1475, le chœur fut décoré de vitraux réalisés par le maître avignonnais Thomas Grabussen. Une tribune fut bâtie en 1499 pour les religieux contre le mur ouest de l’église, côté intérieur.

Côté sud de la nef, au niveau de la seconde travée, l’accès se faisait par une antéchapelle construite en 1608 par Claude de Bourges comportant un portail sculpté en 1609 par Mamet Simon.

Un presbytère fut également construit. Plusieurs familles nobles d’Arles y firent édifier des chapelles latérales, comme les familles Quiqueran de Beaujeu, de Grille, de Chiavary, de Pontevès, de Giraud etc.

Le décor intérieur était très riche. Elle avait une grande tribune avec de beaux lambris pour les religieux, de belles orgues, de nombreux reliquaires, un maître-autel majestueux et de beaux tableaux. Les chapelles latérales, la sacristie étaient également richement décorées.

Le clocher (aujourd’hui disparu), était, d’après Pierre Véran (M793 f° 100), l’un des plus beaux de la ville.

Le monastère des Dominicains était le plus riche d’Arles après celui de Montmajour.

À l’ouest de l’église se trouvaient les bâtiments conventuels. Le cloître fut bâti contre l’église, côté ouest, entre 1560 et 1585. Il fut détruit en 1858 lors de l’édification de l’usine hydraulique.

Le monastère, l’église et tous ses bâtiments furent vendus aux enchères publiques le 8 avril 1791. En 1799, l’église a été divisée entre les différents acquéreurs (26 lots) et le clocher fut détruit.

Des artisans s’y installèrent ensuite, entrepôts et garages occupèrent les lieux, cloisonnant l’espace intérieur. L’église devint propriété de la ville en 1981.

Aujourd’hui, l’église est un lieu d’expositions et de concerts.

En 1862, l’architecte municipal Auguste Véran est chargé d’établir les plans et les prescriptions techniques d’une usine de traitement et de distribution hydraulique.

 

Construite entre 1863 et 1867, elle aura nécessité un emprunt de deux cent vingt mille francs et entraînera la destruction partielle du cloître de l’ancien couvent des Dominicains dont il reste cependant des vestiges côtés nord et ouest avec des éléments de galeries couvertes par des croisées d’ogives dans des maisons privées.

Des sépultures nobles

L’église abrita de nombreuses sépultures nobles. Parmi elles, celle de Jean Quiqueran de Beaujeu, aujourd’hui détruite. Sa veuve et Antoine de Pontevès, seigneur de Cabanes, curateurs de Gaucher de Quiqueran, lui firent élever, le 22 mai 1469 (notaire G. Raymond), un monument funéraire dans la chapelle de l’église des FF. Prêcheurs qu’ils avaient fait bâtir dernièrement, à l’imitation du tombeau que le roi René avait fait construire dans l’église des Dominicains d’Aix (disparu également).

Le père Montagnier indique dans les Actes du colloque du congrès archéologique (Arles, 1976), que la construction d’une chapelle funéraire, la chapelle Saint-Dominique, fut commencée le 11 avril 1469 par la famille Quiqueran de Beaujeu : « cette chapelle, placée hors d’œuvre dans l’axe de la deuxième travée de l’église (des Dominicains ou Frères Prêcheurs, dont la première pierre avait été posée en 1448)), n’a pu être édifiée qu’une fois achevé le côté sud de l’église ».

La présence de la famille de Quiqueran se trouvait également visible sur le retable du maître-autel peint par Jean de Bourgogne et achevé en 1484 (date d’achèvement de l’église des Dominicains). Le retable représentait l’arbre de Jessé et portait les armoiries des Quiqueran et des Castillon (E. Fassin).

La restauration de l’église

Dans les années 1980, la ville d’Arles a engagé une importante restauration de l’édifice pour le mettre hors d’eau et assurer la consolidation de ses maçonneries.

Ces travaux ont été entièrement financés par l’État au titre des dommages de guerre.

De 1975 à 1985, les travaux, menés par Jean Sonnier puis par Jean-Pierre Dufoix, ont concerné la remise en état des couvertures en dalles de pierre.

La restauration s’est limitée à la réfection des joints défectueux et au remplacement en pierre d’Espeil des dalles inutilisables.

Parallèlement, les parties supérieures de la tourelle permettant l’accès à la toiture ont été rétablies. L’escalier a été reconstitué selon le modèle des douze marches inférieures en état.

À l’ouest, les deux baies hautes de la nef ont retrouvé leur meneau et leur remplage.

En 1984, le curetage intérieur de l’église, défigurée par de nombreux cloisonnements et planchers, a mis au jour les vestiges de remarquables sculptures XVe et XVIIe siècles.

Dès lors, la sauvegarde de ce décor exceptionnel, fort dégradé, devenait une priorité pour la ville. Auparavant, il fallut pourtant assurer la confortation de la chapelle des Pénitents-Bleus, gravement endommagée par l’effondrement de sa couverture.

La remise en état de celle-ci fut entreprise en conservant le maximum d’éléments, reconstitution d’un contrefort mutilé et reprise des parements en roche d’Espeil.
Engagé en 1987, le programme de restauration des baies s’est achevé en 1989, pour la façade nord. La restauration exige en outre une consolidation de toutes les ouvertures, ainsi que la vérification et le rétablissement des feuillures.

La dalle du sol vient d’être refaite en béton et pour mener à bien l’œuvre de présentation et de réutilisation à des fins culturelles de l’église des Dominicains, des travaux indispensables de nettoyage, de consolidation, de réfection des sculptures et d’aménagement intérieur (programme de vitraux contemporains) restent à réaliser.

 

Description architecturale

L’église Notre-Dame du confort est la plus grande église gothique d’Arles. Elle possède une nef unique à cinq travées, flanquée de chapelles latérales. Son chevet est polygonal.

Sa façade ouest est sobre, comportant en son milieu une tourelle d’escalier hexagonale coulée horizontalement par un « chemin de ronde » qui permet l’accès aux toits des chapelles latérales, nichées entre les grands contreforts gothiques qui épaulent la nef de l’église ( ? côté nord et ? côté sud). L’escalier en vis de la tourelle donnait accès au clocher. Deux fenêtres gothiques d’assez petite taille s’ouvrent en haut de la façade et encadrent la tourelle.

On (les religieux) accédait autrefois dans l’église par un passage gothique placé à l’angle nord-ouest et dont il ne reste aujourd’hui qu’un grand arc gothique.

De style gothique méridional, l’église est à nef unique et comporte cinq travées bordées de chapelles latérales plus basses. L’abside polygonale, peu profonde, est également plus basse que la nef.

Un ensemble complexe se développe côté sud comprenant cinq autres chapelles.

Des contreforts situés à l’extérieur reçoivent par des arcs-boutants la poussée de la nef, voûtée sur croisée d’ogives.

La nef est éclairée par des fenêtres hautes situées entre les contreforts.

Des fouilles archéologiques menées entre 1985 et 1988 ont montré que les piliers nord de la nef reposent directement sur un mur antique fait de grandes pierres taillées et possédant un bossage des deux côtés.

Il semble qu’il en soit de même pour les piliers côté sud. Ces deux murs antiques étaient encore bien visibles au XVe siècle et ont déterminé la largeur de la nef de l’église.

Le chœur était décoré de vitraux datés de 1475 aujourd’hui disparus. Mais il en subsiste quelques fragments permettant de reconnaître des motifs floraux stylisés, jaunes et bruns, sur un fond de grisaille tirant sur le vert. Ces vitraux d’un dessin élégant avaient été réalisés par le maître avignonnais Thomas Grabusset.

La façade est divisée en deux parties par une tour d’escalier hexagonale qui donne accès à la tribune et à la toiture où s’élevait autrefois un clocher-arcade.

De part et d’autre de la tourelle se trouvaient des portes l’une au nord pour les fidèles, l’autre au sud pour les frères. Une autre entrée existait au sud-est, dans la quatrième croisée.

L’église a subi encore plusieurs modifications. Ainsi un cloître, aujourd’hui disparu, sauf quelques éléments conservés dans les maisons voisines, fut ajouté entre 1560 et 1581.

Au niveau de la seconde travée de l’église, l’accès paroissial comporte l’anté-chapelle, adaptée en 1608 par Claude de Bourges, et décorée par lui en 1609 d’un portail caractéristique du style maniériste, sculpté par Mamet Simon. Il comprend un fronton triangulaire à modillons sculptés avec, devant, un fronton curviligne interrompu, un entablement avec architrave, une frise à rinceaux, et sur le mur à droite du portail une niche sculptée surmontée d’un fronton curviligne, qui abritait une statue. Deux enfeus de même facture ont été aménagés sur deux des piles nord de la nef.

Juste avant cette anté-chapelle, se trouve la porte de la chapelle des pénitents bleus (la chapelle a été détruite). Elle est décorée d’un gable surmonté d’un fleuron avec un décor de chou fleuri encadré par deux oculi sculptés d’un décor végétal.

Aux yeux des contemporains, le décor de la nef et des chapelles en faisait l’une des plus belles églises d’Arles. Son parti architectural, venu du Languedoc, s’est répandu dans la région avignonnaise avant de se diffuser en Provence où il s’est maintenu jusqu’au XVIIe siècle.

Sources :

M 793, Fonds patrimoniaux de la médiathèque d’Arles

Arles, Objectif Patrimoine, Ministère de la Culture et de la communication, DRAC PACA, 1989

Père Montagnier, Actes du congrès archéologique, Arles, 1976.

Baudat Michel, Arles, ville sainte. Les églises célèbres et oubliées, Actes sud, 2002.

Du Port Gilles, Histoire de l’Église d’Arles, Paris, 1690.

Rouquette Jean-Maurice, Arles, histoire, territoires et culture, Actes sud, 2008.

Sintès Claude et autres, Documents d’évaluation du patrimoine archéologique des villes de France, Arles, Tours, 1990.

Stouff Louis, Arles à la fin du Moyen Age, université de Provence, 1986.

Trichaud (Jean-Marie), Histoire de la Sainte Eglise d’Arles, Paris, 1864.

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